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Nous Ne Sommes Pas Amis

      - Hé ! Regarde où tu marches Gamine ! M'énervais-je.

Une fille de première venait de me bousculer et de renverser mes affaires. Elle les ramassa tout aussi vite et me les rendit en s'excusant mille fois. Je les pris et continuai mon chemin.

- Tu pourrais être plus gentille... me murmura Sophie à côté de moi.

Sophie était ma meilleure amie depuis la maternelle mais elle vivait dans un monde de bisounours. Tout le monde était beau et gentil. Pas pour moi. Clairement, je n'aimais personne et personne ne m'aimait et tant mieux. Elle avait de beaux cheveux blonds coupés au carré et des yeux bleus clairs magnifique.

- Si j'étais gentille, ça se saurait. Rétorquais-je.

Nous rentrâmes dans la classe et les filles du premier rang baissèrent le regard.

- Effectivement... Tu intimides tout le monde et les mecs ne t'approchent pas parce que tu les remballes d'un coup... 

- Ça ne me gêne absolument pas. Décrétai-je en m'asseyant.

- Mais moi si !!! Se plaignit-elle en faisant de même.

Elle commença à me raconter son intention de parler à Marco de la classe de science mais je l'écoutais à peine. Elle avait flirté un soir avec lui l'année passée et ils étaient passés à l'acte... Perso, je trouvais ça un peu rapide, un peu dommage, parce que, en plus, ils ne sortaient même pas ensemble. Sans parler du faite que ce mec l'ignorait presque. D'accord, elle en était folle amoureuse mais quand même ! Elle aurait pu attendre! Enfin soit... Ce n'est quand même pas moi, qui n'ai aucune expérience, qui doit lui faire la morale.

- Coucou les filles, ça vous dérange de reculer d'une table.

Je relevais la tête vers le garçon qui était debout devant moi. C'était le délégué, Jacques que je surnommais Jack, petit, brun à lunettes rondes, moche, bref, juste gentil quoi. Je n'allais certainement pas bouger pour lui.

- Dégages Jack! Crachais-je en sortant mon bloc-note.

Il ne bougea pas d'un poil. Le problème avec lui, n'était pas que je ne l'intimidais pas, lui aussi vivait dans un monde de bisounours, non, le problème c'était le garçon qui lui servait d'ami, Ely. Celui-ci passa la porte, grand, cheveux noirs ni court ni long, yeux noirs, peau blanche...Il faisait peur à tout le monde et je ne savais même pas pourquoi. Il était là depuis l'année passée et je ne lui avais jamais adressé la parole. Je ne l'aimais pas, il ne m'aimait pas et c'était bien comme ça. Je pris mes affaires et fuyais vers un autre banc bien plus loin.

- Emelia ! S'indigna Sophie, contrainte de me rejoindre.

Je fis la sourde oreille et sortis le reste de mes affaires.

- C'est quand même pas croyable! Tu effraies tout le monde et lui, tu le fuis comme la peste... Tu me dirais bien pourquoi ! Murmura-t-elle.

- Je n'en sais rien. Je ne l'aime pas.

Je ne savais vraiment pas et je mentais quand je disais que je ne l'aimais pas et que lui non plus. Ce n'était pas ça. Je n'avais rien contre lui, en faite, il m'intimidait tout simplement. Et lui, il ne s'approchait jamais trop de moi, ne me parlait pas et c'était bien ainsi. De temps en temps, nos regards se croisaient mais jamais bien longtemps ! Ce mec semblait ne rien ressentir, il ne montrait rien. Je ne l'avais jamais vu rire, un sourire tout au plus, ni s'énerver, ni s'impatienter, non, rien. Zéro émotion. Mort de l’intérieur. Il était vraiment étrange.

- Moi, je suis certaine que vous devriez bien vous entendre ! Souffla-t-elle. Vous semblez tout les deux asociales! 

- Tais toi! Grommelai-je.

Elle sourit amusée et le cours commença. 

Prologue
Chapitre Un

      J'enfilai mon équipement de gym: l'ensemble donné par l'école qui ne ressemblait à rien. Sophie, à côté de moi, claquait des dents. Nous étions en hiver, c'était le dernier jour de cours. Normalement, les élèves ont congés juste après leurs examens, et bien pas nous. Nous étions sans doute la seule école à organiser des activités les jours qui séparaient la fin des examens des vacances de Noël. Tout ça parce que nous étions dans une école privée qui voulait, ainsi, éviter les débordements festifs et resserrer les liens entre tous les élèves de l'école. Autant dire que je m'en foutais royalement de faire des liens avec des gens que je ne reverrai plus l'année prochaine puisque j'étais en dernière année... Soit, je n'avais pas le choix d'y assister de toute manière mais, pour couronner le tout, l'école subissait une panne de chauffage! 

- Vous allez voir ! Une fois que vous allez courir ça ira mieux ! S'exclama notre professeur d'éducation physique emmitouflée dans son gros manteau.

- Tu parles ! Grommelai-je.

Je n'avais rien contre ce cours, c'était même mon préféré, mais par moins 40, fallait pas pousser !

- Elle a sans doute raison ! Se redressa Sophie. Aller, allons-y et donnons le meilleur de nous-mêmes !

Elle m'attrapa par la bras et me tira à l'extérieur du vestiaire. Sa bonne humeur était fatiguante... Une fois dans la salle, elle se figea. Tous les garçons étaient déjà prêts et jouaient au basquet. Tous sauf un. Ely. Il était assis sur un banc avec sa veste noire sur le dos.

- Il y a Marco ! Me souffla mon amie enjouée.

- Qu'est-ce qu'il fout là ?! Lançai-je au même moment.

Il releva la tête et je détournai le regard. Ça ne me plaisait pas du tout. Autant jouer avec les garçons ne me gênait en rien mais voir que, justement!, le seul mec qui m'intimide se trouve sur un banc à nous regarder, non, ça ne m'allait pas. 

- Sophie ! Tu viens avec nous ?! S'exclama une voix qui m'exaspérait.

Cynthia. Number one des filles de l'école. Mannequin à ses heures perdues, elle était grande, blonde et avait un sourire parfait. Elle avait tout fait et connaissait toujours tout, bref, c'était Miss Pétasse. Elle attirait évidemment tous les mecs, dont Marco actuellement à côté d'elle. Sophie me lança un regard désolé et s'élança vers eux. Sans blague, comment résister au bel étalon basané, aux yeux de miel et aux cheveux noirs coiffés comme un joueur de foot à la mode... Je levai les yeux au ciel et remarquai que j'étais seule. Je soufflai. Pour les exercices, j'étais toujours la dernière choisie mais quand il s'agissait d'un match, là, on ne prenait pas de pincette pour me choisir en premier! 

- Il n'y a plus que nous on dirait !

Je frissonnai d'horreur. C'était Jack. Je me retournai et vit les deux éléments composant mon futur trio. Jack et Lulugia... Si j'avais pu fuir, je l'aurais fait. Jack était intelligent mais au sport c'était un vrai manche à balle! Et Lulugia... c'était la fille la plus adorable et mignonne que je connaissais mais elle avait carrément peur des ballons.... Elle me sourit avec la balle en main et je ne pus m'empêcher de sourire. Non, pas un sourire de courtoisie, plutôt un rictus du genre " Il y a qu'à moi que ça arrive...".

 

- On dirait oui...

 

Nous commençâmes donc à jouer, ou plutôt à essayer de se faire des passes en faisant le plus doucement possible pour Lulu... Cependant, ce n'était pas le pire ! Non! Loin de là! Le pire c'était ces deux prunelles sombres rivés sur notre groupe sans aucune expression ! Bah oui, après tout, j'étais avec son seul ami ! Jack me lança la balle et elle me passa entre les mains. Je rageais intérieurement. Depuis que nous avions commencé, je n'arrivais pas à me concentrer! Je lorgnais tout le temps vers Ely pour voir si il nous regardait toujours! 

 

- Hé ben ! T'as les mains comme des passoires aujourd'hui ! S'exclama le lanceur.

Je récupérai ma balle en colère. En plus de ça, j'avais étrangement chaud, alors qu'on ne bougeait pas tant que ça ! De plus, la balle était si molle que je pouvais entrer mon poing dedans! Le tout avait le dont de m'énerver. Je lui renvoyais la balle de toutes mes forces et il se la prit dans le ventre. Il se plia en deux sous l'impact.

- J'en ai marre! Je vais chercher une pompe! M'exclamai-je en passant à côté de lui sans un regard.

 

Par contre, j'étais presque certaine d'avoir vu un sourire sur le visage d'Ely! La prof lui demanda justement quelque chose et il se leva en boitant légèrement. Je me demandais brièvement ce qu'il avait bien pu faire pour boiter avant de me dire que je n'en avais rien à faire. J'atteins notre charmante professeur et elle me regarda interrogative. Je savais qu'elle s'attendait déjà au pire.

 

- Je voudrais une pompe pour gonfler notre ballon. Déclarai-je simplement.

 

Elle se détendit et me regarda plus gentiment.

 

- Rattrape Ely, il est parti dans la réserve, c'est lui qui a le Pass.

 

Pitié! J'allais lui dire que finalement ça irait mais elle me pressa du regard. Je m'élançai donc dans le couloir pour "rattraper" Ely. Je le suivis à distance respectable, il ouvrit la porte grâce au Pass et la bloqua pour ne pas se retrouver enfermer. C'était une porte avec carte magnétique qui ne s'ouvrait que de l'extérieur... Je trouvais ça tellement stupide et angoissant quand tu étais à l'intérieur car la pièce était grande et si encombrées qu'on pouvait s'y perdre, sans parler de la lumière automatique qui s'éteignait et se rallumait qu'en détection de mouvements. De plus, il y faisait aussi froid qu'à l'extérieur ! Bref, je détestai ce local. Sur ces entre faites, je l'avais rejoint. Il ne me daigna pas vraiment un regard et s'enfonça dans la pièce entre les rayons pour rejoindre le stock de ballons. Je commençai ma fouille de mon côté pour trouver cette fichue pompe. J'étais à la fin du rayons de basquet, à environ 2 ou 3 mètres d'Ely quand j'aperçus l'objet de mes recherches! Elle était dans sa main... Que faire ? Soit j'attendais qu'il la pose et je lui prenais, soit je serais bien obligée de lui parler... J'eus un frisson rien qu'à m'imaginer prononcer son nom! Bon, j'attendrai... La lumière s'éteint subitement. Je me figeai par réflexe puis j'entendis jurer devant moi. Je me déplaçais prudemment sur la gauche et sautai en l'air pour espérer passer dans un faisceau du détecteur. N'étant pas un mannequin d'un mètre quatre-vingt, je du m'y prendre une deuxième fois les bras levés. La lumière s'alluma enfin à nouveau. 

 

- Merci... 

 

Je restai pétrifiée par cette voix que je n'entendais pour ainsi dire jamais et vraiment jamais pour me dire quelque chose personnellement! Ely était à terre au milieu des ballons de basquet et se tenait la cheville en grimaçant. Je le jure ! Il avait un rictus de douleur ! C'était la première émotion que je voyais sur son visage!

 

- De... De rien. Bégayai-je comme une imbécile.

 

Il se releva en s'appuyant sur le panier à roulettes. Celui-ci tangua alors je le retins par réflexe mais pas que; j'avais une main qui soutenait le bras du garçon. Il me regarda étonné et je devais avoir le même regard. Je le touchai! Ma main soutenait son bras ! Mon corps entier réagit à ce soudain contact de manière étrange. D'abord par une grande déconnexion de la parole et du mouvement, puis une sensation étrange me traversa et pour finir j'eus à nouveau un frisson qui me réveilla. Je lâchais son bras et reculai un peu. Il commença alors à ramasser les ballons sur un pied et je l'aidai, espérant retrouver ma pompe avant lui et me casser d'ici vite fait! Rater. Quand tous les ballons furent dans le panier, il ramassa la pompe avant moi. J'inspirai une bonne fois pour me donner du courage.

 

- Je peux.. avoir la...

 

Il me regarda comme si j'étais un ovni puis comme j'étais incapable de prononcer le mot "pompe", j'indiquais l'objet du doigt. Il me la tendit et je déguerpis sans demander mon reste. C'était vraiment lâche et pas sympa, sachant qu'il boitait et qu'il devait pousser le chariot tout seul mais c'était plus fort que moi. Il y avait vraiment un truc étrange entre nous et mon esprit réagissait par la fuite. Une fois devant la sortie, je me figeai net et laissai tomber la pompe tellement je fus désemparée. La porte était fermée. J'entendis le chariot s'arrêter à coté de moi, puis un grand soupir.

 

- Manquais plus que ça. 

Ely sortit son téléphone et sembla taper un sms. Après quoi, il alla s'asseoir contre le mur en face de moi. Je le regardai complètement choquée. Non, non, non ! Je ne resterai pas avec lui dans cette pièce aussi froide qu'un congélateur! J'allais inspecter la porte et tentai de l'ouvrir par tout les moyens même en frappant dessus, impossible. Je me laissai alors tomber, désespérée. Pourquoi, mais pourquoi, faut-il que ça m'arrive à moi ?! Ely semblait sonder la pièce comme si il faisait l'inventaire. Je l'avais déjà vu faire ça deux ou trois fois depuis qu'il était à l'école. À chaque fois pendant les situations stressantes, ça devait être un moyen de se divertir l'esprit. Je me mis donc à faire l'inventaire pour éviter de pleurer, en espérant de tout coeur qu'on viendrait nous ouvrir avant que j'ai fini! Parce que oui, j'étais légèrement claustrophobe ! 

Les minutes passaient et j'avais déjà fait toute la rangée hockey. Cette diversion fonctionnait vraiment bien mais je commençais à claquer des dents tellement j'avais froid.

- Tu veux ma veste? S'enquit alors mon compagnon de cellule.

Je le regardais avec de grands yeux. Sa veste ? À lui ? Je secouai négativement la tête.

- Tu vas finir congelée et malade... argumenta-t-il.

 

- Non, ça va... murmurai-je.

 

Tu parles ! J'avais les jambes qui tremblaient aussi fort que des maracasses et devenaient bleues comme le reste de mon corps. Il entreprit d'enlever son manteau quand je vis que ses mains aussi étaient bleues. Il avait aussi froid que moi !

 

- Tu as froid alors garde la! Rétorquai-je plus sèchement.

 

Il cessa alors de l'enlever. Au moins, un de nous deux survivrai! Je fus étonnée de ma propre pensée... Je n'étais pas du genre à donner ma vie pour celle des autres ! Loin de là! Il se leva subitement et s'engagea dans une allée... C'est vrai que bouger nous ferais peut-être du bien mais si on allait trop loin, on allait perdre la lumière ! Déjà qu'elle s'éteignait à tout va et que seul la grandeur d'Ely la rallumait... Il revint avant même que je n'ai eu le temps de me décider à bouger ou non, les bras charger de vareuses de sport. Les trucs bien puant que personnes ne veut mettre, surtout après les garçons ! Il me les jeta littéralement dessus et je fus ensevelie par une quarantaine de vareuses différentes! Au vu de mon caractère, je me serais levée et je lui aurais mis ma main dans la figure mais là, je ne me plaignis absolument pas! Mes jambes recouvertes le remerciaient déjà de tout coeur. Cependant, je n'étais pas au bout de mes surprises! Alors que je me décalai de la porte pour ne plus sentir l'acier froid dans mon dos et que j'allais vêtir l'un de ces trucs puant, il s'assit derrière moi, plaça ses longues jambes de part et d'autres de mon petit corps et m'enveloppa avec les pans de sa veste. Je restais figée, sous le choc, mal à l'aise, sans parler de mon coeur qui avait décidé de battre à tout rompre de cette proximité soudaine. Je sentais son torse dans mon dos mais surtout sa chaleur qui m'enveloppait et me réchauffait. C'était si agréable et , en prime, l'odeur de sa veste cachait celle de la transpiration de trois semaines des vareuses. J'eus presque envie de verser une larme tellement ça me faisait du bien de ne plus mourir de froid!

 

- Tu es aussi froide qu'un glaçon... murmura-t-il en me serrant un peu plus. Ne me fais pas une hypothermie, je n'ai pas encore vu comment la soigner...

 

Je n'osais bouger d'un poil mais sa réplique m'intrigua.

 

- Tu fais les cours de secourisme qu'on donne à l'école en cours du soir ? M'étonnais-je.

 

Mon dieu ! J'avais réussi à faire une phrase sans bégayer ! Mais mon coeur lui ne semblait pas se remettre de la dose d'adrénaline qu'il avait reçu.

 

- Oui... C'est l'idée de Jacques, il veut faire pompier après...

 

- Jack, pompier ? 

 

Je ne pu m'empêcher de rire doucement. J'aurais bien ris à gorge déployée mais ce n'était pas très convenable sachant que son pote était entrain de me sauver la vie.

 

- Je ne le vois pas faire ça non plus... répondit ce dernier.

 

Je tournai la tête légèrement et vis un sourire s'étirer sur son visage. Mon dieu ! Autant d'émotion différentes en seulement une heure! J'étais une VIP! Il descendit soudainement la tête et posa ses lèvres sur mon épaule. Je me crispai. Que faisait-il bon sang ?! Il souffla alors de l'air chaud et je le bénis presque tellement c'était agréable! Il réitéra l'opération sur mon autre épaule puis plaça son visage à côté du mien pour garder encore un peu plus la chaleur. La gène et le malaise du début c'était envolé. À présent, c'était comme si, on avait toujours été aussi proche. Comme si, c'était tout à fait normal! Comme quoi mourir de froid peut vous rendre aimable! Les minutes passaient et je le soupçonnais d'avoir repris son inventaire. 

 

- Qu'as-tu fais à ta cheville ? L'interrogeai-je doucement.

 

- Je me suis blessé à l'entraînement hier.

 

Il fait du sport ?! Pour avoir un corps pareil forcément qu'il devait faire quelque chose !

 

- Tu pratiques quel sport ? 

- Du basquet, justement...

- Ah...

Logique vu sa taille...

- Tu as déjà pensé à en faire ? Me demanda-t-il.

 

Je fus surprise.

 

- J'en ai fait plus jeune mais... j'ai arrêté à cause d'un entraîneur... murmurai-je.

 

Je n'en revins pas moi-même. C'était la première fois que parlais de ça à quelqu'un. D'habitude, je mentais pour ne pas en parler. C'était surement cet épisode de ma vie qui m'avait fait détester les gens. 

 

- Tu as une bonne passe, franche et précise... Si jamais tu veux recommencer...

 

- Non. Le coupai-je sèchement. Jamais.

 

Il se tut et sembla comprendre que c'était un sujet sensible. Je bougeai un peu et me laissai aller contre lui. Je le sentis se raidir. Pour la première fois, c'était moi qui semblais le mettre mal à l'aise or rien que ce fait me mettais mal à l'aise à mon tour. J'allais me remettre dans ma position mais il me serra plus fort contre lui m'en empêchant. Je ne su pas vraiment comment interpréter son geste. Il recommença alors à souffler de l'air chaud sur mon épaule droite à travers mon t-shirt. La sensation de cette chaleur était vraiment agréable, même plus que ça, c'était comme si elle rentrait dans mon corps et me réchauffait de l'intérieur. Je m'attendais à ce qu'il passe sur mon autre épaule mais à la place, il déposa ses lèvres dans mon cou. Je fus surprise mais un flux électrique traversa mon corps. Sans m'en rendre compte je baissais tout doucement la tête pour lui offrir encore plus de ma nuque. Mais que me prenait-il ?! Je sentis alors sa langue comme une douce caresse sur ma peau qui m'électrisait davantage. Sa main droite lâcha le pan de sa veste et vint se placer sur mon flan gauche. Il remonta doucement ses baisers jusqu'à ma mâchoire et en mordilla le bord. J'étais comme envoûtée par ce qu'il me faisait. Mon coeur battait la chamade et je ne sentais plus ni le froid ni le stress d'être enfermée ici. Une sensation de chaleur douce mais puissante se propageait depuis le bas de mon ventre. Je tournai doucement la tête et cherchai ses lèvres des miennes. Elles se trouvèrent et se collèrent l'une à l'autre, avant de s'ouvrir pour s'enchâsser l'une dans l'autre. Je n'avais que peu d'expérience en baiser mais celui-ci était bien partit pour être le plus enflammé de ma carrière. Il tourna légèrement la tête et inséra sa langue dans ma bouche. Il caressa la mienne et je lui répondis le plus naturellement possible. Sa main droite se crispa davantage sur ma peau. Il me serrait de plus en plus contre lui. Je profitais alors d'un moment de repos entre nos baiser pour me retourner et m'assoir sur ses jambes. Je passais mes mains dans sa nuque et l'attirais à moi. Je ne voulais pas que ses baisers s'arrêtent, c'était si enivrant. Il passa ses mains sur mes hanches puis sous mon t-shirt dans mon dos. Il allait atteindre la fermeture de mon soutien-gorge quand des voix retentirent dans le couloir. La seconde d'après j'entendais Sophie crier après moi. Je me reculai automatiquement d'Ely, qui me regardait l'air déçu. La porte s'ouvrit alors sur Jack et Sophie, accompagnés de notre professeure. La jeune fille me sauta dessus soulagée. Je regardai à nouveau Ely, il avait le même regard d'incompréhension que moi. Que c'était-il passé ? 

 

- Je suis vraiment confuse ! Je vous ai oublié et l'homme d'entretien avait fermé la porte ! S'exclama la prof gênée.

 

- Madame ! Emelia est gelée ! S'exclama Sophie.

 

Gelée? Non... Je n'avais pas froid, j'avais même plutôt chaud et ma respiration était saccadée. Sans parler de mon coeur qui battait si fort que j'aurais juré qu'ils l'entendraient.

 

- C'est vrai, elle devrait rentrer chez elle. Déclara Ely de façon neutre.

 

Je le regardais étonné mais aucune émotion ne filtrait sur son visage. Il se leva et sortit de la pièce comme si rien ne c'était passé. 

 

- Emelia ? Dis quelque chose! Ça va ? Me secoua ma meilleure amie.

 

Je touchais mes lèvres hagarde. J'avais l'impression de sentir encore les siennes m'embrasser... 

 

- Que c'est-il passé ? Me demanda alors Sophie plus sérieusement et moins fort pour que personne ne l'entende.

 

- Je n'en sais rien... murmurai-je.

Chapitre Deux

             Les vacances de Noël étaient finie, nous étions lundi matin, jour de la rentrée et c'était la première fois que je faisais vraiment attention à mon reflet dans le miroir. Sophie qui passait me chercher tous les matins se pencha sur le miroir et le regarda de plus près.

 

⁃     Que fais-tu ? Finit-elle par demander.

 

⁃     Tu ne trouves pas que ma veste me fait trop grosse ?

 

Elle me regarda avec de grands yeux. Elle se redressa aussitôt pour sentir mon front. Je me dégageais en râlant.

 

 ⁃     Retournes te coucher, tu es malade ! S'exclama-t-elle.

 

⁃     Chuuuut ! Tu vas réveiller Zak' ! Lui intimai-je.

 

Zak', ou plutôt Zakari, était le nouveau copain de ma mère. Il avait 7 ans de plus que moi... Soit 25 ans, soit 15 en moins que ma mère... Mais bon, il était sympa! C'était un joueur de base-ball professionnel, il gagnait bien sa vie mais n'était pas tout le temps là. Ma mère, elle, était infirmière, du coup ses horaires étaient variables et je la voyais parfois qu'en coup de vent. Je m'y étais faite depuis que mon père était parti, il y a 10 ans.

 

⁃     Je vais très bien. Décrétai-je en prenant mon sac.

 

C'était vite dit. Depuis ce moment dans le local de sport, je n'arrivais pas à penser à autre chose. J'en rêvais souvent, sans pour autant savoir mettre un mot dessus. Je ne pouvais toujours pas expliquer ce qu'il s'était passé entre nous... était-ce le froid ? La proximité ? Le faite d'être enfermé ? Je n'en savais rien. Toujours était-il que je n'avais eu aucun message de lui, aucune trace de vie, rien.

Aujourd'hui, j'allais le revoir et ça me stressait encore plus qu'avant! Nous sortîmes de la maison et nous dirigeâmes vers l'école qui n'était pas si loin de chez moi. Il n'y avait qu'un bois à traverser.

 

 ⁃     Toujours pas envie de me dire ce que tu as ? S'enquit Sophie. Tu ralentis de plus en plus, on va finir par être en retard.

 

⁃     Rien... marmonnai-je en remboîtant son pas.

 

Nous arrivâmes enfin devant la classe et à mon plus grand soulagement, Ely n'était pas là.

 

⁃     Pardon..

 

Je sursautai et laissai tomber mes cahiers par terre. C'était lui, derrière moi; je bouchai l'entrée. Il s'accroupit et m'aida à ramasser mes affaires. Il me les rendit sans un regard et partit s'assoir à sa place. Je fis de même, Sophie sur les talons.

 

⁃     Ok, j'ai compris ce qui te terrorise. Maintenant, je veux savoir pourquoi ! Murmura-t-elle déterminée.

 

⁃     Ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Rien ne me terrorise ! Il m'a juste surprise! Me défendis-je.

 

Elle me regarda avec son air qui disait " Tu ne me la feras pas à moi!" Mais je ne cédais pas.

 

⁃     Que s'est-il passé dans le local avant Noël ?

 

⁃     Rien ! Rien du tout ! M'exclamai-je aussitôt et un peu trop fort.

 

⁃     Emelia, Sophie, s'il vous plaît, nous avons commencé! Nous réprimanda le professeur d'histoire.

 

Je m'excusai et me plongeai dans mon bouquin alors que quelques regards se risquaient en notre direction. Je lorgnais vers le dos assez imposant d'Ely mais il ne se retourna même pas.

 

⁃     Toi, tu me caches quelque chose! Me souffla Sophie enjouée.

 

Ça y est, j'avais piqué sa curiosité, elle ne me lâcherait pas.

 

 

 

      Le cours suivant, un garçon de la classe qui n'était d'autre que le meilleur ami de Marco, nous distribua des invitations pour sa soirée. Grande fiesta dans sa cave entièrement aménagé! Super ! C'était ironique, je n'aimais pas les fêtes. J'étais prête à la jeter car en plus c'était la semaine prochaine et que j'étais seule à la maison ce soir là. Nous avions donc prévu une soirée pizza-film avec Sophie. Cependant, celle-ci me regarda avec des yeux de chiens battus.

 

⁃     Non...

 

⁃     S'il te plaît !! Me supplia-t-elle en joignant ses mains.

 

⁃     Tu oublies qu'il s'est passé quelque chose avant Noël ?

 

Elle hocha la tête positivement.

 

⁃     Alors ça marche.

 

Je préférais encore aller deux heures à cette soirée ridicule que de devoir lui expliquer ce qu'il s'était passé avec Ely. Je relevais le regard vers ce dernier et croisai le sien. Mon coeur s'emballa soudainement. Il tourna la tête comme si de rien était. J'ordonnais tout de suite à l'imbécile présent dans ma poitrine de se calmer. Ce n'était rien qu'un regard ! Je n'allais pas en mourir!

 

 

     Deux semaines de cours s'étaient écoulées, Ely m'évitait comme autrefois et moi, j'étais encore plus fuyante qu'avant. Résultat: je n'avais toujours pas d'explication sur ce qu'il était arrivé. Nous étions vendredi et c'était le jour de la super soirée dans la cave ! Sophie était chez moi pour se préparer et maman venait de quitter la maison pour l'hôpital en m'abandonnant à mon triste sort. Je mourrais d'envie de m'enfuir, moi aussi !

 

⁃     Que dis-tu de ça ? Me demanda la petite blonde.

 

Elle me montrait une robe rouge échancrée de toute part digne des plus grand gala.

 

⁃     On va à une stupide soirée chez un stupide gars, pas au Festival de Cannes ! M'exclamais-je en m'affalant sur mon lit.

 

Dire que j'allais devoir le quitter! Haaaannnnn!!! Je ne voulais pas !

 

⁃     Tu as raison... mais mon dieu ! Que vais-je mettre ?!

 

Là elle paniquait mais vraiment, pas un peu ! Je lui lançais mon top noir à la figure et elle arrêta sa crise pour en commencer une autre.

 

⁃     Tu ne vas pas mettre ça quand même ?!

 

⁃     Et pourquoi pas ? Avec un gros pull Super Dry !

 

⁃     Non ! Toute la classe vient ! Tu ne vas pas mettre ça !

 

Je levais les yeux au ciel et m'enfouis dans la couette. Pitié!!! Elle ouvrit mon armoire et commença à fouiller. Elle ne trouverait surement rien de bien et se rabattrait sur le top avec une veste noire comme j'avais l'intention de le faire au départ.

 

⁃     J'ai trouvé !

 

Surprise, je relevais la tête. Elle tenait en main le t-shirt que je m'étais acheté cet été. C'était une sorte de top en voile bordeaux qui s'ouvrait dans le dos.

 

⁃     Non.

 

⁃     Si ! S'extasia-t-elle. Avec ton pantalon noir, tes talons et ta veste noire !

 

⁃     Mais je vais mourir de froid ! M'indignai-je.

 

⁃     Mais non ! On est à l'intérieur !

 

De toute façon, elle ne changerait pas d'avis. Elle me mit tout dans les bras et m'indiqua la salle de bain du doigt. Je soufflai et m'exécutai.

 

⁃     Je peux te prendre un truc ? M'interrogea-t-elle alors que je fermai la porte.

 

⁃     Fais-toi plaisir !

 

J'étais certaine que de toute façon, elle ne trouverait rien. Je me préparais donc. Je me brossai ensuite les cheveux. Ils étaient bruns foncés et m'arrivaient jusqu'à mi-dos, je les lissai. Après quoi, j'attrapais ma trousse de toilettes avec mon maquillage qui se résumait à un mascara et un gloss. Voilà, j'avais finis. Ça me semblait déjà de trop pour qui c'était. Je sorti de la salle de bain et repassai dans ma chambre.

 

⁃     Tadaa ! S'exclama Sophie.

 

Je fus stupéfaite! Où avait-elle trouvé ça ?! Elle portait un top bleu marine décolleté qui faisait ressortir sa poitrine plus imposante que la mienne. De plus, son carré m'était en valeur sa nuque, bref, elle était super sexy !

 

⁃     J'avais ça dans mon armoire ? M'étonnais-je.

 

⁃     Oui, dans le fin fond de l'armoire avec une boite avec des Strings. Fit-elle en se regardant dans la glace.

 

Ok à coup sûr c'était la boite des fringues que me refilait ma mère.

 

⁃     Tu peux tout garder ! Déclarai-je en regardant l'heure.

 

Je soufflai. 20h. Il était déjà tant d'y aller si on voulait avoir de la pizza.

 

⁃     Aller, on y va ! S'exclama la petite blonde en attrapant ses affaires.

 

Je fis de même et la suivis dans les escaliers. Nous fermâmes la maison, direction la fête dans la villa à 200 mètres de chez moi. Une fois arrivé, la maitresse des lieux nous conduisit vers la cave de son fils. Ce dernier nous arrêta dans les dernières marches en riant.

 

⁃     Pour entrer, il faut se présenter comme la personne avant vous. Expliqua-t-il hilare.

 

Je levai les yeux au ciel. Premier jeu débile bonjour !

 

⁃     Oh chouette ! S'enthousiasma Sophie. Qui est arrivé avant nous ?

 

⁃     Marco!

 

Apparemment, ça le faisait bien rire! Je me demandais si il n'avait pas fait exprès de choisir Marco.

 

⁃     Bonjour, je suis Marco! Je suis le plus beau mec de l'école et un joueur de foot exceptionnel !  Lança Sophie qui ne se rendait même pas compte qu'ils se foutaient d'elle.

 

Elle me regarda pour me dire que c'était à mon tour.

 

⁃     Je suis Sophie, une fille adorable qui mérite bien mieux que la bande de dégénérer qu'il y a ici. Crachai-je en fusillant mon hôte du regard. 

 

⁃     Bonjour ! Je suis Emelia ! Une jeune pucelle détestable qui attend le prince charmant ! Déclara Cynthia derrière moi.

 

Mon sang ne fit qu'un tour. Je me retournais pour lui dire ce que je pensais d'elle mais je blêmis.

 

-     Salut, je suis Cynthia, la pouffiasse de service qui s'est tapée tout les mecs de l'école.

 

Je n'en croyais pas mes yeux, ni mes oreilles. Cynthia non plus d'ailleurs.

 

⁃     Hello la compagnie ! Je m'appelle Ely et c'est la première fois que je viens à une soirée alors je vais être sympa ! S'exclama Jack derrière ce dernier en insistant sur le "sympa".

 

La pétasse descendit les marches outrée et partit s'assoir. Ely passa devant moi sans un regard et s'assit à part. Sophie me regarda choquée mais je lui rendis. Elle m'entraîna alors sur un siège un peu plus loin et me demanda ce qu'il lui avait pris.

 

⁃     Je n'en sais rien!

 

⁃     Tu lui parles ?

 

⁃     Non ! M'indignais-je. Il n'aime peut-être pas Cynthia, tout simplement...

 

⁃     Mouais...

 

Je haussai les épaules. Je ne comprenais pas ! Il m'avait ignoré comme si il ne m'avait jamais parlé ni embrassé et maintenant, il me défendait. D'ailleurs, que faisait-il là ?! Il ne venait jamais au fête ! C'est là que je me rappelais l'insistance de Sophie sur le "toute la classe" de tout à l'heure.

 

⁃     Tu le savais ! Tu savais qu'il venait !

 

Elle secoua la tête négativement puis haussa les épaules .

 

⁃     Bon d'accord ! Jacques me l'a dit, il était trop fier d'y être arrivé ! Mais si je te le disais tu ne serais jamais venue!

 

⁃     En effet !

 

⁃     Désolée.

 

Je boudais dans mon coin mais elle me ramena un verre de Vodka rose avec du Schwepps agrume donc je la pardonnais. Nous discutâmes et j'en oubliais presque la présence d'Ely. Nous dansâmes un peu toute les deux en rigolant. Finalement, je m'amusais bien. Soudain, Marco se mit à danser derrière elle de façon assez osée mais elle se prit au jeu. Un de ses amis tenta de faire pareil avec moi mais je le rembarrais d'un coup de coude dans le ventre. J'alla m'assoir dans le fauteuil qui avait l'air super agréable que j'avais repéré dès notre entrée mais qui, jusque là, avait été accaparé par Ely. Quand j'y posais mes fesses, je m'enfonçais littéralement dedans! J'avais raison, ce fauteuil était top! Je fermai les yeux et profitai de ce moment de calme.

 

⁃     Beau coup de coude.

 

Je me pétrifiai et n'osai même pas ouvrir les yeux. Il avait disparu!! Je croyais qu'il était partit moi !! Le fauteuil se déforma à côté de moi et , si je ne me retenais pas, je serai tombée vers lui. Non, finalement ce divan n'était pas cool du tout ! J'ouvris les yeux prête à déguerpir mais un verre se tenait devant moi , tenu par cette grande main au longs doigts qui avait touché ma peau il y a quelques semaines de là.

 

⁃     Vodka Rose-Schwepps agrume, c'est bien ça ?

 

Whattt ??? Mais comment savait-il ça ?! J'attrapais le verre tremblante.

 

⁃     M.. Merci..

 

Et voilà que je recommençais à bégayer ! Je regardais le liquide rose pâle faire des ondulations. Il fallait que je me concentre, que je me détende, ce n'était rien ! Rien d'autre qu'un garçon! Oui mais c'était Ely! Je lorgnais vers lui, il regardai la salle comme si je n'étais pas là. Je fini mon verre cul-sec. Il fallait que je m'en aille. J'allais me lever mais Jack se plaça justement devant moi.

 

⁃     Ha ! On devrait faire une photo ! C'est si rare de voir ça ! S'exclama-t-il en sortant son smartphone.

 

⁃     Range-moi ça ! Lui ordonnai-je.

 

Il ne m'écouta absolument pas et se mit en position "paparazzi". Il était clair qu'il avait trop bu ! Je détournai la tête et mis une main devant moi. Ely n'y prêta aucune attention.

 

⁃     C'est dans la boite ! S'exclama le délégué. Je suis content que vous soyez enfin ami !

 

Je me levais en le poussant légèrement.

 

⁃     On n'est pas ami. Rétorquai-je.

 

Je m'enfuis vers les escaliers pour trouver les toilettes. Je les trouvais assez facilement comme il y avait des indications partout mais une fois devant je me raidis en entendant les bruits venant de l'intérieur. Je fis un demi-tour mécanique et redescendis en trombe vérifier quelque chose. Une fois dans la salle, j'aperçus avec soulagement que Sophie était toujours accrochée au cou de Marco. Ce n'était donc pas eux dans les toilettes. Je me laissais choir contre le mur à la fois soulagée mais toujours contrariée par Jack. Toutes ses émotions contradictoires me donnait mal au ventre. En plus, l'alcool que j'avais ingurgitées ne favorisait pas la chose. Je relevais la tête à la recherche de Sophie qui ne devait pas être loin mais je ne la trouvais plus. Il y avait tellement de bruits, de gens autour de moi, de lumières de couleurs différentes qui faisaient des tours et des tours dans la salle quand elle ne clignotaient pas. Je sentais que ma respiration s'accélérait, que la panique montait en moi, sans parler de mon envie de vomir soudaine. Il fallait que je sorte d'ici! Il faisait trop chaud, c'était étouffant, je manquais d'air! Je fermais les yeux et essayais de respirer calmement mais je n'y arrivais pas, c'était pire encore!

 

⁃     Emelia! J'ai besoin de toi, combien font 20x14?

 

J'ouvris les yeux sur Ely qui me tenait fermement par les épaules. Il était sérieux ? 20x14? Mais qu'est ce que je m'en battais le steak ! J'étais entrain d'étouffer!

 

⁃     J'ai vraiment besoin de la réponse Emelia ! Maintenant!

 

⁃     Mais j'en sais rien moi ! M'exclamais-je au bord des larmes.

 

Il me souleva sans difficulté et attrapa mon poignet.

 

⁃     Réfléchis ! J'ai vraiment besoin de la réponse!

 

Il avait l'air super sérieux, comme si c'était une question de vie ou de mort. 20x14, tu pouvais y arriver Emelia, c'était ton domaine les maths non ? Non, j'étais une quiche en math! Allez courage, suffisait de faire 14x2 et de rajouter un 0 , non ? Du coup, ça faisait 28, avec un zéro, ça faisait 280.

 

⁃     280... je crois. Répondis-je.

 

Je me rendis alors compte que j'étais dehors à l'air libre et que ma respiration était redevenue normale. Je me sentais mieux, j'avais toujours le ventre barbouillé mais je n'avais plus envie de vomir. Ely se tenait à un mètre de moi et me regardait plus calmement.

 

⁃     Ouais, c'est ça. Répondit-il.

 

⁃     Tu n'en avais rien à faire, pas vrai ? M'enquis-je en le regardant.

 

Il haussa les épaules. C'était bien ce qu'il me semblait. Il avait juste diverti mon esprit pour que je sorte de ma crise de panique... Je levais les yeux vers le ciel étoilé. Il faisait froid, j'étais soudainement très fatiguée et j'avais envie de rentrer chez moi.

 

⁃     Tu pourrais dire à Sophie que je suis rentrée ? M'enquis-je en le dépassant.

 

Il m'emboita le pas et sortit son téléphone. Que faisait-il encore? Il tapa un Sms rapide puis remit son smartphone dans sa poche.

 

⁃     Jacques lui dira, je te raccompagne.

 

Je le regardais étonnée. Pourquoi ? Avais-je envie de lui demander mais rien ne passa mes lèvres. Nous marchâmes dans la rue en silence sous la lueur des réverbères. Il avait les mains dans les poches et regardait ses pieds. J'étais de nouveau mal à l'aise.

 

⁃     Ma maison est juste là.. ça devrait aller maintenant... soufflai-je.

 

Il releva la tête et regarda dans la direction que j'indiquais.

 

⁃     Belle maison.

 

Il ne s'arrêta pas pour autant. Bon... Une fois devant la porte nous nous arrêtâmes, je sorti les clés de ma poche.

 

⁃     Merci... soufflai-je.

 

En réalité, même si il me mettait mal à l'aise, le fait qu'il m'ait ramenée jusque chez moi me soulageait. Je n'aimais pas trop l'obscurité. Il releva la tête vers moi et son regard sombre croisa le mien. Un sourire fendit son visage.

 

⁃     De rien.

 

Il se détourna et descendit doucement les trois marches du perron alors que j'allais ouvrir la porte. Je me figeais. Si je voulais savoir ce qu'il s'était passé entre nous le jour avant Noël, c'était maintenant ou jamais! J'inspirai un grand coup et me retournai prête à lui demander mais je fus surprise et lâchais mes clés. Il était de nouveau là, juste derrière moi. Il avait fait demi-tour et je ne l'avais même pas entendu. Il posa une main tremblante sur mon visage et s'approcha de moi. Ma respiration s'accéléra alors que mon coeur refusait catégoriquement de battre. Alors que ses lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres des miennes, il hésita. Je sentais son souffle chaud sur mon visage. Je me rappelais de la sensation qui m'avait envahi dans le local et ne pu résister d'avantage. Je plaquais mes lèvres contre les siennes et il répondit tout aussi vite. Il me poussa contre la porte et passa sa main libre directement sur ma peau au niveau de ma hanche. La sensation de chaleur interne se propagea de nouveau du bas de mon ventre au reste de mon organisme. J'ouvris alors mes lèvres et laissais passer ma langue pour qu'elle rencontre la sienne. Il se colla davantage à mon corps, m'écrasant contre le bois de la porte d'entrée. Il descendit sa main de mon visage à ma hanche, puis passa doucement le long de ma fesse pour attraper ma cuisse par derrière. J'accrochais mes bras, jusqu'à là sur ses épaules, derrière sa nuque et il souleva doucement ma jambe contre lui. Mon coeur battait la chamade et je sentais que ce n'était plus juste une chaleur passagère , j'avais vraiment envie de lui. Soudain, le portail grinça et il se figea. Il se décolla doucement de mes lèvres et regarda derrière lui. Je ne voulais pas voir ce qui l'avait fait s'arrêter, j'en étais à espérer que ce soit le vent ou un chat tout au plus.

 

⁃     Pardon... souffla une petite voix enrouée que je connaissais par coeur.

 

Ely lâcha ma jambe doucement et attrapa mes poignets qui ne voulaient pas le lâcher. Il posa son front contre le mien et ferma les yeux.

 

⁃     Tu as raison. Souffla-t-il. Nous ne sommes pas amis.

 

Il détacha mes mains, me les rendit et s'enfuit.

Chapitre Trois

           Je ramassai mes clés par terre alors que Sophie s'approchait de moi. Je remarquais alors qu'elle avait les yeux rougis et gonflés.

 

⁃     Que s'est-il passé ? L'interrogeai-je en ouvrant la porte, moi même encore groggy par ce qui venait d’arriver.

 

⁃     Marco a essayé de m'emmener dans la chambre de Sean... J'ai dis non et il m'a carrément laissée en plan!

 

Elle se mit à pleurer à chaudes larmes et je la serrai dans me bras. Je l'emmenai à l'intérieur et fermai derrière nous. Pour le moment, je n'avais qu'une envie retourner à la fête mettre une grosse gifle à cet imbécile! Je lui avais pourtant dit qu'il n'en valait pas la peine, qu'elle devait laisser tomber! Mais non, elle était trop gentille, trop naïve et "bisounours".

 

⁃     Aller, monte. J'arrive. Lui soufflai-je.

 

Elle grimpa les escaliers toujours en sanglotant comme si c'était la fin du monde. Je passai dans la cuisine, sortis deux petites cuillères d'un tiroir et la glace du congélateur. Il était 2h du matin mais là, moi aussi j'avais besoin de m'empiffrer. Je grimpai les escaliers, passait la porte de ma chambre qui était la première du couloir et déposait la glace et les cuillères devant Sophie qui se changeait.

 

⁃     Je crois qu'on en a toute les deux besoin. Soufflai-je.

 

Elle me regarda les yeux encore embués.

 

⁃     Hein ? Pourquoi ? Ta fin de soirée avait l'air plutôt réussie! S'exclama-t-elle.

 

⁃     Non ! Dis-je en tirant mes affaires. C'est vraiment le chaos là!

 

J'enfilai mon pyjama et m'assis sur le lit face à elle. Elle mangeait déjà et grimaçait à cause du froid.

 

⁃     J'avoue que c'est quand même surprenant... Mais je me dis que c'est lié à votre périple dans le local de rangement!

 

J'enfonçais violemment la cuillère dans le pot de glace. Périple, tu parles!

 

⁃     Je n'en sais rien. Il m'intimide toujours autant, je suis toujours mal à l'aise en sa présence, je cherche toujours à le fuir mais il y a eut ça... et...

 

Je cherchais mes mots, je n'arrivais pas à trouver quoi dire.

 

⁃     Tu as aimé ! Finit-elle pour moi les yeux pétillant.

 

J'ouvris la bouche pour rétorquer mais c'était exactement ça. Je hochais la tête en mangeant la glace. C'était horrible! Enfin non... enfin je n'en savais rien! Toutes les expérience que j'avais eu, avait été malheureuse... voir pire.

 

⁃     Vous sortez ensemble alors ?

 

⁃     Non! M'exclamais-je.

 

⁃     Mais...

 

⁃     Non... Impossible. Puis tu l'as entendu toi même, il a dit qu'on n'était pas ami. C'est clair non ?

 

Elle haussa les épaules.

 

⁃     Et si tu m'expliquais ce qu'il s'est passé dans ce local ? Demanda-t-elle en mangeant encore une cuillère.

 

Je lui expliquai tout du début jusqu'à la fin même si j'eus vraiment du mal. Surtout pour mettre des mots sur ce qu'il nous avait pris. Je n'en savais toujours rien. C'était arrivé comme ça!

 

⁃     C'est quand même lui qui commence... remarqua-t-elle en se couchant.

 

Je déposais le pot de glace vide sur la table de nuit.

 

⁃     Bah... Il m'a laissé le choix la deuxième fois... c'est moi qui ai commencé à l'embrasser... répondis-je.

 

⁃     C'est que tu en avais envie.

 

⁃     Je n'en sais rien... enfin... si mais... maintenant que j'y pense ça me fiche la trouille...

 

Elle sourit et me regarda de façon douce.

 

⁃     Tu ressens un truc pour lui?

 

Je haussai les épaules. Je n'en avais aucune idée.

 

⁃     Je te le dis, quand je le vois j'ai toujours envie de le fuir... c'est instinctif...

 

⁃     Étrange...

 

C’était même plus qu’étrange au vue de mon passé...

 

 

      Une semaine s’était écoulée, nous étions vendredi et il était 16h30. Jour où tous les élèves foutent le camp le plus vite possible sauf si ils ont des activités extra scolaire. J’étais assise dans le couloir contre mon casier un gros sac de sport devant moi. Je soufflai. J’avais une énorme boule au ventre. Je voulais fuir très vite et très loin d’ici. Pourquoi m’étais-je embarquée là dedans!?

Ely ne m’avait de nouveau pas adressé la parole ni même un regard de la semaine. Cependant, notre professeure de sport était venue me trouver en catastrophe le mercredi; une des joueuses de basquet était out pour le match de samedi et il lui fallait quelqu’un pour la remplacer. J’avais bêtement accepté pour éviter d’aller à l’autre bout du pays voir Zak’ au hockey avec ma mère. Comme l’équipe de basquet était celle des débutantes, je ne m’étais pas inquiétée jusqu’à ce que j’apprenne que leur entraîneur n’était d’autre qu’Ely. Depuis j’avais une énorme boule au ventre et je n’avais rien pu avaler depuis ce matin.

 

⁃     Excuse-moi, tu es Emilia ? Me demanda soudainement une fille au longs cheveux bruns devant moi.

 

Je relevais la tête étonné et lui répondis. Elle me tendit alors la main en souriant.

 

⁃     Je suis Zoé , je fais partis du club de basquet, on m’a dit que tu venais remplacer Kim. Si tu veux, on peut y aller ensemble.

 

« Mais je n’ai pas envie d’y aller ! » avais-je envie d’hurler.

 

Cependant, j’attrapai sa main et elle m’aida à me relever. J’attrapais mon sac et le mis sur mon dos.

 

⁃     C’est gentil. Déclarai-je doucement. Tu viens de cette école ?

 

⁃     Oui, je suis en troisième et toi ?

 

⁃     Dernière...

 

⁃     Tu connais notre coach alors ! S’exclama-t-elle.

 

J’eus un frisson et mon ventre se serra d’avantage. Je hochais la tête fébrilement.

 

⁃     Il est comment en cours ? Me questionna-t-elle. Est-ce que dans la vie de tous les jours, il est un peu plus.... expressif?

 

Je la regardais étonnée, un coach non-expressif, ça n’existait pas !

 

⁃     Non... il est toujours neutre... marmonnais-je.

 

⁃     C’est incroyable ! Dit-elle. Il ne s’énerve jamais, il ne sourit presque jamais non plus, pourtant on sait très bien quand on a fait une bêtise! Son regard devient encore plus sombre c’est effrayant...

 

Je la regardais incrédule, ce qu’elle me disait ne me rassurait absolument pas! Elle poussa la porte de la salle de sport et je me figeais dans l’entrée. Ely était là, les bras croisés contre les gradins en short et pull de sport, l’air sévère.

 

⁃     Je sais ! Je suis en retard, mais j’ai récupéré Emelia sur mon chemin ! S’excusa Zoé, une main se frottant l’arrière de la tête.

 

Il releva la tête vers moi et fut un instant étonné puis il détourna le regard sur le reste de la salle.

 

⁃     Peu importe, dépêchez-vous. Déclara-t-il froidement.

 

Zoé m’entraîna dans le vestiaire en vitesse. Nous nous changeâmes le plus vite possible, pas que j’avais peur de la réaction d’Ely mais parce que je ne voulais pas me retrouver la dernière, seule, dans ce vestiaire ! Plus je repensais à son regard surpris et plus j’étais certaine qu’il ne savait pas que j’étais la remplaçante. On ne l’avait pas prévenu. Une fois prête, nous sortîmes du vestiaire. Je pris mon courage à deux mains et m’encourageais intérieurement: ce n’était que deux petites heures !

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